L’empreinte d’amour

J'entends tout le monde qui s'alarme pour la planète, la destruction de l'environnement, et veut réduire son emprunte écologique pour sauver la planète. Eco-villages, partage, solidarité, permaculture, autonomie énergétique, recyclage, circuits courts, monnaies locales, troc etc... ce sont les proposition en vogue pour guérir la planète. Ah bon? C'est ça la solution. 

Vraiment? 

Personnellement, je n'ai rien contre ces expérimentations qui sont positives particulièrement quand les personnes engagent leurs passions et sont heureuses car elles font ce qu'elles aiment et le partagent avec la communauté. Mais je ne crois pas une seconde que cela solutionnera la souffrance et la destruction du monde.   

Dans le passé, loin avant l'industrialisation, il y avait déjà la plupart de ces choses qu'on recherche dans les mouvement écologistes, altermondialistes, alternatifs etc... actuels, mais la misère humaine existait quand-même, et la destruction de l'environnement se produisait quand-même. Oui, à plus petite échelle. Avec moins de monde. Faute de désir? Non, faute de moyens massifs de destruction. Notre désir intérieur n'a pas vraiment changé. Être en sécurité physique, matérielle et affective. Le problème c'est que notre peur du manque de cette sécurité, notre peur de l'autre, de la différence, de l'inconnu, de la mort, n'a pas beaucoup évolué non plus. Ce sont nos peurs et fausses croyances en nous qui créent la destruction que nous voyons dans le monde. Pas combien nous consommons bio, ou utilisons une voiture électrique ou vivons en autarcie.

L'autre jour, j'ai fait des tests en ligne qui calculent mon empreinte carbone (par exemple: https://www.goodplanet.org/fr/calculateurs-carbone/particulier/?calculator=1&action=calcul&type=annuel) , combien de gaz à effet de sert équivalent CO2 je relâche dans l'atmosphère par an du fait de mes choix de vie personnels qui font mon style de vie actuel? Voilà ce que j'y comprends. C'est intéressant. 6700 à 7000 selon les tests. 30% (2700) de mon empreinte est indirecte (moyenne nationale française), et donc mes choix personnels n'y changent quasi rien. Les transports en voiture et avion font 80% de mon emprunte directe. Donc je sais ce qui me reste à faire pour réduire mon empreinte. Simple :  plus d'avion et plus de voiture, et c'est réglé. Vraiment? Est ce que j'aurai réglé les causes des problèmes de notre monde par ce choix? 

Non.  

Je me demande quelle empreinte carbone j'ai eu quand j'ai fais les tests sur un PC relié à internet, et que j'ai cet article sur internet? Il y a des choix qui polluent en gaz a effet de serre mais qui ont un effet positif pour la guérison de notre planète. Par exemple, quid si je prends l'avion pour de bonnes raisons aller végétaliser le désert de Sahel, construire une maison en terre crue pour quelqu'un sans abris, apprendre à aimer et donner sans attendre en retour? Ce calcul ne tient pas compte de l'impact positif pour la planète que le transport permet en allant rapidement de A à B.  Changer ses gestes quotidiens, diminuer son empreinte, ce n'est pas la solution. C'est juste beaucoup plus facile à faire que d'adresser la vraie cause. Il est beaucoup plus facile de changer intellectuellement une habitude de consommation, même de style de vie, cela donne au moins bonne conscience qu'on fait sa part, que de s'ouvrir, rechercher et libérer les vraies causes en soi de pourquoi j'agissais avant comme j’agissais sans me poser les questions des conséquences douloureuses pour moi, pour les autres (y compris ceux que je ne vois pas qui sont loin) et pour la planète. Dans le premier cas, quasiment rien ne change en moi. Dans le second, c'est le remue ménage émotionnel. On s'aventure dans l'inconnu qui fait mal.

Quasi personne ne veut prendre la responsabilité de ressentir sa douleur émotionnelle. Je peux compter sur les doigts de ma main les personnes que je connais qui ont cet objectif dans leur vie quotidienne. C'est la vérité. Être émotionnel, c'est pas cool. T'es malade. T'es triste t'as peur t'es déprimé ? Fais quelque chose. Amuse toi. Vois du monde. Pars en vacance. Fais des économies. Trouves un boulot. Quitte la ville et va vivre dans un écovillage. Prends une petite pilule. Mais stp arrête ton cinéma. C'est la réalité. C'est un vrai problème. Du coup, la plupart des adultes du monde occidental sont déprimés ou en colère dès que leurs addictions ne sont pas assouvies, soit la plupart du temps dans leur journée. Et après on s'étonne que c'est dans le monde occidental qu'il y a le plus de cancers,  de surpoids, de maladies cardio-vasculaires, auto-immunes, et de monde dans les asiles.

Donc, on pose des pansements sur la blessure, on adresse les effets, on se force à changer nos gestes matériels. Mais pourquoi je deviens soudainement écologiste? Par amour? vraiment? Par responsabilité ? Par dépit ou impuissance? Par peur de la destruction, de la mort peut-être? Par conscience (éviter la honte)? Par urgence? Avant je ne savais pas, maintenant, je sais. Je peux agir. Vraiment? C'est une perte de temps dommageable. On s'active sur les effets, au moins, cela nous occupe et nous donne bonne conscience. Mais le problème est que nous ne cherchons alors plus la vraie cause qui est en nous-mêmes et nous dérange énormément. Cela nous permet de penser à autre chose. Être activiste écolo, c'est parfois juste engager une autre addiction en quelque sorte. Elle nous aide à éviter de visiter notre monde intérieur de chagrin, de honte et de peurs, exactement comme le font toutes nos autres addictions quotidiennes, physiques, émotionnelles ou à des substances, certaines mêmes valorisées par la société (par exemple: distraire une personne de son chagrin ou la rassurer pour ne plus sentir seules ou avoir peur, boire de l'alcool, prendre un anti-douleur, etc...). Pour une introduction aux addictions et leurs effets dévastateurs, regardez https://youtu.be/roK_eIYoWyc

On continue donc, à vivre notre vie en ignorant la cause de la misère, la raison de pourquoi on pense ce qu'on pense, on dit ce qu'on dit et on fait ce qu'on fait. Et la blessure continue de s'infecter, ou devient chronique. Je préfère changer mon attitude par la force de mon mental, mais au fond de moi, rien ou presque rien n'a changé. Ce n'est pas naturel, simple, bon et durable. C'est fatiguant, un effort, et cela ne va pas durer. Une perte d'énergie. Un manque d'amour.

Je me crois devenu conscient, informé de la réalité. Je suis un citoyen responsable et je montre l'exemple. Et je traite les autres d'ignorants, d'irresponsable. Je les juge même parfois. Je leur fais la morale. Comment peuvent-ils ignorer l'évidence de la catastrophe écologique que nous connaissons et ne rien faire sur leur empreinte écologique? Mais en réalité, je me leurre. J'ignore moi-même l'essentiel. J'ignore et j'évite les fondements de la réalité de la situation, la cause de toutes mes souffrances et de celles du monde et de l'environnement, qui est émotionnelle en nature, à l'intérieur de moi : mes fausses croyances sur l'amour, et tout ce que je crois vrai qui est faux aux yeux de Dieu et fait du mal. Manquer la marque de l'amour (pécher).

Chaque fois qu'on traite des effets sans adresser la cause, on perd notre temps. On crée le contraire de ce qu'on recherche : plus de problèmes et plus de souffrance. Exemple: je plante des arbres pour compenser mon empreinte carbone (ou en fait pour manger ses futurs fruits qui est un geste pas désintéressé de beaucoup de novices permaculteurs), mais en même temps, je choisis de continuer à ignorer la raison émotionnelle de mes croyances fausses et de mes choix et actions qui ont un impact direct ou indirect sur la déforestation ou sur la destruction des écosystème forestiers (par exemple, je consomme de la viande, ou je construis ma maison tout en bois qui vient d'une exploitation de Douglas). Pas facile d'être écolo et éthique!

Je ne juge rien ni personne. Pour moi, chacun est libre et responsable de ses choix. Il y a des lois de compensation, une justice correctrice parfaite et plein d'amour déjà en opération. Pour info, par exemple, la compensation pour un/e activiste végan/e qui juge et rage sur les chasseurs, est bien pire quand quand elle mangeait de la viande mais traitait bien ses frères et sœurs chasseurs. Mais à la fin, tout ce que j'essaye de dire ici est, arrêtons de se leurrer, et traitons les vraies causes en nous-mêmes. Soyons humbles et honnêtes.

Toute chose que nous observons est l'effet d'une cause. C'est la loi universelle des causes et effets. En d'autre mot, si on veut régler un problème, le problème étant l'effet d'une cause, il faut trouver et éliminer sa cause. Si on traite l'effet, ce qui est hélas une spécialité dans notre société, on crée encore plus de problème qu'avant, car on croit résoudre un problème tout en ignorant ce qui le résout vraiment. Donc, on ne résout rien pendant plus longtemps. Bref, plus de souffrance pour tout le monde.

Si on veut vraiment sauver la planète, il faut commencer par se sauver soi-même. Se guérir à l'intérieur de soi. Il faut arrêter de  chercher à se sentir mieux ( l'industrie $ des médicaments, du bien-être, sport, thérapie et spiritualité new age), ce qui est une perte de temps car ce n'est pas durable, et commencer à adresser les causes en nous de la souffrance et de la destruction de notre planète.

Le seul changement positif durable qui puisse se passer viendra par l'identification et la libération de la cause émotionnelle qui a créé la pensée, le choix, l'action destructive ( pour soi, les autres ou la planète) en premier lieu. Voilà un acte réel et sincère d'un citoyen responsable.

La plupart des choses en moi qui polluent vraiment mon monde intérieur et celui des autres et l'environnement et la planète entière sont des fausses croyances sur l'amour de Dieu, de soi, des autres et de l'environnement, des peurs que j'ignore, cache,  évite, et même justifie.

Donc, ce qu'on doit regarder si on veut vraiment supporter un changement positif sur notre planète, ce n'est pas juste mesurer notre empreinte écologique et notre QI, on doit pouvoir mesurer notre emprunte d'amour ou morale (notre condition d'âme) qui est de nature émotionnelle, celle de notre famille, de notre communauté, de notre pays. C'est cela qu'on devrait calculer plutôt que l'emprunte écologique qui est juste un effet de nos blessures intérieures. C'est cela qu'on devrait améliorer. C'est sur cette base qu'on devrait construire nos familles, notre enseignement, nos communautés et nos pays. C'est différent du Bonheur National Brut (BNB)comme au Bhoutan, qui ne distingue pas la plaisir passager des addictions assouvies (la peur est évitée ou ignorée) du vrai bonheur de l'amour quand la peur est libérée. Combien j'aime vraiment Dieu, moi même, les autres et l'environnement?

Nous devons ré-apprendre à nous guérir émotionnellement comme nous le faisions naturellement en tant que bébé. Cela c'est être responsable: redevenir responsable de nos émotions douloureuses, cesser de nous détruire, de détruire les autres et la planète en les projetant et blâmant le monde par évitement de notre propre douleur intérieure que nous essayons d'ignorer, minimiser, oublier, intellectualiser, à tout prix. Parce que c'est ce que nos parents ont appris de leurs parents et nous ont appris. C'est rien, tu n'as pas mal, calme-toi, oublie et souris, et cela ira mieux. Tout le monde sait que cela ne fonctionne pas. 

Et pourtant on continue le même programme!

L'amour n'est pas faible, c'est l'émotion la plus puissante qui existe. Tout l'univers est construit sur des lois scientifiques d'amour, et c'est l'amour qui nous rend heureux et guérit tout.

Si on travaillait tous en tant que communautés, pays et petite planète bleue sur notre empreinte d'amour, alors les causes de la douleur seraient guéries et ses effets dans le monde aussi. Et forcément l'environnement aussi, sans aucun effort mental. Naturellement. Avec plaisir et passion d'aimer, tout simplement.

Pierre Joseph, Septembre 2020

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