Je suis occupé à compléter une formation nouvelle développée au niveau européen de « maçon en écoconstruction ». Dans ce cadre, nous apprenons toutes sortes de techniques constructives naturelles, économiques en énergie, durables et respectueuses de l’environnement. Dans cet article, je partage une partie de mon expérience personnelle.
Construire beau, sain, économique et durable avec l’aide des compagnons
Cette formation est dispensée au Centre de formation professionnel compagnonnique de Brive la Gaillarde. Nous avons la chance d’être accueillis au sein de l’école locale du grand réseau des Compagnons du Tour de France, héritiers de ceux-là même qui ont construit depuis des siècles de nombreux bâtiments et monuments historiques exceptionnels en bois, pierres avec du mortier et des enduits décoratifs à la chaux.
Nous apprenons à privilégier les matériaux à faible énergie grise (la quantité d’énergie nécessaire lors du cycle de vie d’un matériau ou d’un produit), locaux et bio-sourcés en priorité, tels la terre, la pierre, la paille, le bois, le chanvre…
Ce sont en fait beaucoup de techniques constructives anciennes mises au goût du jour des nouvelles technologies, des normes de construction et de la Réglementation Thermique (RT) actuelle et future en terme d’économie d’énergie (RT2012-RT2020).
Construire, c’est aussi se construire
La pratique de la maçonnerie écoconstructive est, pour moi, un apprentissage permanent de l’amour de soi-même et des autres. C’est un grand et magnifique défit, car c’est un vaste domaine qui touche à beaucoup de techniques constructives, aux fondations même des bâtiments. Cela requiert beaucoup de pratique et d’humilité pour se perfectionner, écouter et apprendre des anciens, avant d’avoir la maîtrise constructive. Il ne faut pas avoir peur de se tromper, et prendre la responsabilité de ce que l’on crée. Il faut être fluide et efficace, mais jamais précipité, car les erreurs et accidents se produisent alors. Il ne faut pas rechigner, certaines fois, à corriger et défaire, pour mieux refaire.
Les chantiers de maçonnerie en terre sont une plateforme d’apprentissage de construire et de vivre ensemble. C’est un lieu de transmission et partage de savoir-faire et de savoir-être, ce qui s’est beaucoup perdu dans notre société hyper compétitive et pressée. C’est une approche du travail en groupe, joyeuse et collaborative, tout en étant efficace et organisée, de la même manière que nos ancêtres ont construit en matériaux naturels depuis la nuit des temps, mais avec les avantages et le confort de la technologie moderne en plus.
Solide, beau et agréable à vivre
C’est aussi l’art de la finition solide qui défie le temps, et belle en même temps, pour le bonheur des yeux et le confort de l’énergie des lieux. Entrez dans un bâtiment en bottes de paille et enduits terre, c’est découvrir un confort d’habitation extraordinaire. Avoir un mur en terre dans un salon, ou un enduit fin en stuc/tadelakt dans la salle de bain, c’est très beau, mais aussi très agréable à vivre.
Un mur en terre (bauge), c’est très costaud, comme l’atteste cette vidéo prise à notre formation où nous avons peiné à détruire un tout petit mur
Construire et embellir
La maçonnerie en écoconstruction, c’est une magnifique application de l’art au service de la collectivité. Construire et embellir. C’est une opportunité de créer de la beauté en harmonie avec la beauté naturelle du monde. Combiner l’art et la matière dans les enduits fins décoratifs, dans les maçonneries en pierre et en terre, est une approche qui me passionne particulièrement.
Construire en matériaux vivant
La construction ultime, c’est celle du vivant, car elle ne se détériore pas. Elle vit, les cellules se répliquent comme celle du corps humain. Les matériaux constructifs, même naturels, se décomposent petit à petit. L’excellence absolue qu’on atteindra un jour est la construction en matière organique vivante, comme l’arbre est l’habitat vivant, parfois même millénaire, sans entretien, de tant d’animaux et d’insectes. Je suis persuadé qu’on y viendra un jour, et nous ne devrons plus mettre tant d’énergie à entretenir et remplacer les matériaux qui se dégradent naturellement. Cela demande une intelligence constructive supérieure, à celle que nous démontrons dans nos constructions actuelles. Développer une relation avec Dieu nous permettra d’être formé à cette technologie directement par Dieu, mais aussi apprendre à communiquer avec les constructeurs du monde spirituel où cette technologie est utilisée.
Pour ceux/celles que la maçonnerie en écoconstruction intéresse, un nouveau cycle de formation débute en Novembre, et il y a encore des places.
En attendant, si vous avez des questions ou commentaires, n’hésitez pas à les envoyer.
A bientôt,
Pierre